jeudi 27 décembre 2007

RACINES

Pour l'Association Gaston Miron

La Sorbonne Paris 2002


Leurs graffitis de pierre

halètent

aux baisers noirs du vent

vers là-bas qui viendra


Anonymat des signatures

avec les ongles

en contrées improbables

ajoutant du néant au néant


Qu'en savez-vous de la révolte

oui la révolte

des liens d'étoiles filantes

entre vivants et mort


Je vous ai emmenés sur ces tombes

elles-mêmes

devenues étrangères en pays étranger

et vous avez cueilli des fleurs


Et qu'en savez-vous du vertige

oui le vertige

frontière infranchissable

entre rire et douleur


Et des appels incontournables

des oublis

des flots de dire au fond du ventre

des chants de nuit épaisse


L'âme encore éblouie

d'un pleur qui a dit non

une statue s'endort au fond de l'eau

sans glisser un regard



extrait de : Le monde saigne devant toi. Le temps des cerises/ Les écrits des forges, France/Québec, 2005

H - Tous les hommes sont des poètes / (abécédaire)

H


La Haine, l'Homme, l'Humanité,


La–Haine–est–le–propre–de-l'Homme

C'est plus probant que le rire, car il y a des mouettes rieuses,

des chiens qui rient en dormant, et des hyènes ricanantes.

Donc, bien plutôt que le rire,

c'est la Haine qui fait l'Homme.

Comme il n'y a pas d'animaux haineux, même en laboratoire,

il n'y a pas de poètes ni chez les hippopotames ni chez les holothuries.


La Hainité, c'est l'incapacité de pardonner.


L'Humanité c'est ce qui reste quand on a tout oublié.


L'inHumanité, c'est l'incapacité d'entendre,

c'est de Hurler plus fort,

c'est la surenchère du cri.

Le poète étant celui qui crie,

le poète est inHumain.



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extrait de : "Tous les hommes sont des poètes" de A à Z à leur usage.

éditions : Le Temps des Cerises (2002)